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l’unanimité un décret fut rendu qui me réintégrait dans mes fonctions et qui portait que je me rendrais à l’armée sur-le-champ. Un autre décret

    avais-je commencé à leur lire les premières lignes du plan de campagne que nous avions déterminé et auquel le Comité de salut public avait donné son assentiment, qu’ils me dirent que c’était un amas de sottises, que celui qui avait machiné ce plan était une bête, et que le Comité de salut public n’y entendait rien. Ne pouvant plus rien répondre à cette déclaration, je pris à la main le décret de la Convention nationale sur les rebelles de la Vendée, et je leur demandai s’ils s’étaient occupés des moyens de le mettre à exécution. Ils me répondirent que ce décret était un décret contre-révolutionnaire ; qu’il renfermait des dispositions si atroces, qu’ils juraient de poignarder le premier qui voudrait l’exécuter, et que je serais moi-même le premier frappé, si j’osais m’attacher à cette exécution.

    Bourdon eut l’audace de me dire que si je restais auprès de cette division, il me ferait mettre sur le derrière de l’armée ou qu’on m’enverrait au château de La Rochelle. Le silence des deux Goupilleau, la satisfaction apparente du général Tuncq, tout me persuadait que la délibération en était prise avant mon arrivée et que j’allais être arrêté.

    Aussitôt je me saisis d’une paire de pistolets, et je jurai brûler la cervelle au premier qui oserait faire un mouvement pour commettre cet attentat. Je me croyais au milieu de l’état-major de Dumouriez. Ma fermeté, sans doute, en imposa : on me laissa partir sans escorte faisant, à dix heures du soir, quatre lieues au milieu des bois où plusieurs brigands m’avaient aperçu et même poursuivi.

    Actuellement, citoyens, il faut vous faire connaître les vrais motifs qui ont porté Goupilleau et Bourdon à de semblables mesures. Ceux sur lesquels ils ont établi la destitution du général Rossignol sont, disent-ils, antérieurs à sa nomination. Ils ne sont ni antérieurs ni postérieurs, car il n’en peut exister aucun qui paraisse un instant plausible.

    Il est toujours contraire aux intérêts publics que des membres de la Convention soient envoyés, en qualité de commissaires, dans