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parie que l’on vient me chercher pour me tuer. Bravement il me répondit : « Nous mourrons ensemble. » Le nom de cet homme était Drouilly, capitaine des canonniers de la 35e division, courageux et instruit.

On monta dans ma chambre. Nous étions couchés par terre sur un matelas. Le concierge me dit : « C’est la cavalerie qui vient vous chercher. » Je descendis et je connus qu’on avait ordre de me transférer à Niort et de me conduire auprès du général en chef Biron. Je demandai l’ordre ; il me fut présenté.

Les soldats de l’escorte avaient des cordes pour m’attacher et je leur demandai pourquoi. Ils me répondirent que le général Westermann leur avait recommandé cette précaution. Je leur dis que je ne voulais pas fuir et qu’ils ne m’attacheraient pas, mais qu’ils pouvaient tripler l’escorte si bon leur semblait. Ils renoncèrent à leurs cordes.

Je demandai une feuille de papier et j’écrivis une lettre à ma division, dans laquelle je lui recommandais l’obéissance et l’invitais à rester calme ; j’y donnai le pouvoir en mon absence au premier capitaine commandant ; le capitaine Drouilly se chargea de cette lettre.

Je n’avais point d’argent : ce brave officier me