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canon. Ils se partagèrent en deux pelotons qui se refermèrent sur moi ; deux officiers me serraient de près, un de chaque côté, le sabre nu à la main. Je leur dis : Il ne me manque plus que la chaîne au cou et un bonnet pour avoir l’air d’un galérien.

Je fus ainsi conduit jusque sur la porte du général ; le commandement du détachement monta alors chez Westermann avec mes armes ; je voulais l’accompagner, mais il s’y refusa. Un quart d’heure après l’officier revint et commanda : « À la prison ! » Je lui dis qu’il m’avait fait lever pour parler au général et que son ordre était formel. — « Le général ne veut point vous parler… et marchez ! » — Il fallut marcher.

À la prison, arrivé dans une cour, le concierge vint, il était bien onze heures et demie, et le commandant lui dit : « Il faut mettre ce coquin-là au cachot. » Je protestai devant le détachement qu’une loi le défendait, et que depuis que j’avais aidé à renverser la Bastille il ne devait plus exister de cachots ; j’ajoutai qu’on me tuerait plutôt que de m’y faire entrer. Le concierge se chargea de moi et me traita avec assez d’humanité.

Sur les deux heures du matin, on vint sonner et je dis au capitaine qui m’avait suivi : je te