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qu’à dix heures du soir on ne venait pas, je demandai de la lumière pour me coucher. Le maître de la maison où j’étais logé me dit qu’il allait m’en donner, mais qu’il ne voulait pas qu’elle restât allumée parce que je pourrais mettre le feu à sa maison. Je lui dis que j’étais un honnête homme et qu’il fallait qu’il fût bien prévenu contre moi pour me parler comme il le faisait. Il me tint plusieurs propos contre-révolutionnaires ; je lui dis des paroles dures et ne voulus pas de sa lumière. J’étais logé sur les derrières de la maison. Vers onze heures du soir, deux officiers vinrent dans ma chambre, le sabre à la main, et demandèrent le nommé Rossignol. — C’est moi. — Levez-vous et venez parler au général. — Où sont vos ordres ? — Les voilà.

L’ordre était conçu à peu près en ces termes :

« Le commandant de la cavalerie de la Légion du Nord se transportera au logement du commandant de la 35e division de gendarmerie, se saisira de ses armes et le conduira au quartier du général. »

« Westermann. »

Je remis mon sabre et mes deux pistolets et je descendis. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis à ma porte cent grenadiers, baïonnette au