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grande quantité. Je fis charger deux voitures de cochons que l’on saigna, et l’on emmena une voiture de pain.

En route, pour retourner à Niort, après une heure de marche, le général Chalbos fit vider tous les sacs, que la troupe avait garnis de butin, et dit que le premier qui serait trouvé avec du butin serait fusillé sur-le-champ. La route était couverte de toutes sortes d’effets. Il y eut un hussard qui tua un brigand et qui lui prit 150 en or qu’il portait dans une ceinture. Nous rentrâmes à Niort dans nos cantonnements.

La troupe était si fatiguée qu’elle ne pouvait plus marcher. On voyait des soldats couchés sur la route ; il y avait impossibilité de marcher en ordre. Biron vint au-devant de la colonne, à deux lieues de Niort. Il cria après tous les chefs de bataillon et après le général Salomon, à qui il dit mille injures. Pour moi, il me fit descendre de cheval : « Est-ce ainsi, monsieur, que l’on conduit une troupe ? » — Le ton fait la musique, général… je n’y peux rien ; je ne peux pas leur donner des jambes. — J’aurai soin de vous, me dit-il ; et il a tenu parole. Après bien des injures, il ajouta : « Rassemblez votre troupe à ce village et n’en partez qu’en bon ordre. » Je fis faire halte à ma gen-