tinua pas moins à rester dans une inaction coupable. Croyant avoir rempli ma mission, je ne demeurai que vingt-quatre heures à Niort où je me rendis le soir à la société populaire ; j’y rencontrai mon collègue Thibaudeau qui, comme Delaunay et Dandenac, n’avait point de mission apparente, mais j’y rencontrai aussi deux émissaires venus de Bordeaux pour inviter les citoyens à envoyer des bataillons autour de la Convention pour la protéger contre les anarchistes. Je vis avec plaisir que l’opinion publique ne leur était pas favorable, et distinguai parmi les orateurs qui les combattirent avec beaucoup d’énergie deux jeunes volontaires qui avaient été précédemment officiers de dragons et qui, par dévouement à la cause de la liberté, s’étaient enrôlés comme simples soldats ; c’étaient les deux frères jumeaux César et Constant Faucher (les jumeaux de la Réole). En sortant de la séance je me disposais à faire arrêter les deux émissaires de la Gironde ; mais ils étaient déjà partis, et j’ai appris depuis qu’ils avaient dirigé leur route sur le Mans et sur Laval, sans s’arrêter à Tours.
« Le lendemain, je pris des renseignements sur les deux volontaires que j’avais vus à la Société, et comme ils furent tous favorables, je proposai au général Chalbos de les employer dans sa division ; et comme il n’avait pas d’officiers capables près de lui, il accepta mon offre et avant de partir, je les nommai adjoints à l’état-major ; j’aurai dans la suite occasion de parler de ces deux officiers dont le nom est devenu cher à tous les amis de la patrie, non seulement pour les services qu’ils ont rendus, mais encore pour les fureurs du vieux maréchal de Vioménil dont ils sont devenus les victimes à Bordeaux.
« Pendant que les Vendéens perdaient un temps précieux à Saumur pour y célébrer, par des fêtes, la victoire qu’ils avaient remportée sur l’armée républicaine, on recrutait publiquement dans plusieurs départements pour le Calvados ; deux députés de Maine-et-Loire y conduisaient des renforts, comme je viens de le dire : à Poitiers, on convoquait les suppléants ; à Bourges, à Niort, on vantait jusque dans la Société populaire les prétendus avantages du fédéralisme et même en ma présence, aux Sables, deux bataillons de la Gironde quittèrent leurs drapeaux pour retourner à Bordeaux se ranger sous l’étendard de la révolte ; dans le département de la Mayenne, on avait ordonné une levée d’hommes pour l’armée de Wimpfen ; dans celui de la Sarthe, le même mouvement se dispo-