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Les charretiers, qui étaient du pays, avaient coupé tous les traits des chevaux et s’étaient sauvés, laissant sur le grand chemin toutes les voitures chargées.

Nous avons perdu à cette bataille cent deux hommes sur cinq mille environ que nous étions, tout compris. L’ennemi, comme je l’ai su par des personnes de Montreuil qui me l’ont assuré, nous avait opposé au moins quarante mille hommes ; les bourgeois de l’endroit en enterrèrent à leur dire plus de quatre mille et s’il n’avait pas fait nuit, nous aurions sans doute passé… Le fait est qu’on ne se bat pas si bien la nuit que le jour.

L’ennemi prit Saumur le lendemain, et il est certain qu’il n’y serait pas entré si nous avions pu passer, car notre colonne était ce qu’on appelle de bonne troupe[1].

  1. Choudieu, dans ses notes inachevées sur la Vendée, qui ne devaient composer qu’une section de ses Mémoires sur la Révolution encore inédits, raconte en témoin la prise de Saumur, et il insiste sur le péril fédéraliste. Sans sacrifier l’intérêt propre de ces notes, nous citerons ce dernier article pour son importance politique et comme l’éclaircissement à la période qui va suivre :

    « Il paraît que l’ennemi s’était pratiqué d’avance des intelligences dans la ville de Saumur, car au moment même où le feu commença un nommé François, étranger à la ville, encloua plusieurs pièces de canon ; les prisons furent ouvertes sans qu’on ait su par qui, et lorsque l’ennemi entra dans la ville l’inspecteur des remontes Lebrun livra tous les chevaux du dépôt, qu’il lui était facile de faire évacuer, ainsi que l’ambulance.