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 ! » Il pleurait. Je lui dis : Rassurez-vous, il y a une grande plaine sur la droite, voyez si, avec votre cavalerie, il n’y a pas moyen de passer. — Il y fut, mais revint bientôt en disant que l’ennemi nous tournait de ce côté : je fis conduire deux pièces de canon avec ordre de ne charger qu’à mitraille. Ces deux pièces leur tuèrent beaucoup de cavalerie, car elle était placée dans un ravin ; on la distinguait très bien. Les Brigands nous chargèrent à corps perdu. Le feu de nos pièces avait cessé un quart d’heure par manque de gargousses à boulets. Alors je fis charger toutes les pièces à mitraille et l’on fit feu presque à coup portant ; on les voyait tomber par pelotons, mais le malheur voulut qu’une de nos pièces fût démontée par un boulet.

L’infanterie et l’artillerie firent des merveilles cette nuit-là ; le feu cessa vers les onze heures et demie du soir. Le général ordonna la retraite et m’ordonna de la protéger le mieux possible. Je fis battre mes canonniers à la prolonge : ainsi ils empêchèrent de fondre sur nous l’ennemi qui nous poursuivit pendant une bonne demi-lieue. Près d’un bois fort épais, je fis faire un superbe feu de file par ma gendarmerie qui les empêcha d’avancer.