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CHAPITRE XVIII


Les malheurs de Leîgonnyer. — Nous levons le camp. — Entre Thouars et Montreuil. — Bataille de nuit. — Un feu terrible. — Nos pertes et celles de l’ennemi. — Nous aurions passé.


Le général Leîgonnyer commandait à Doué et avait essuyé plusieurs échecs, entre autres une déroute complète[1]. Ce jour-là même, le général

  1. Leîgonnyer était un ancien officier de cavalerie qui convenait peu à ce genre de guerre ; aussi fut-il constamment battu toutes les fois qu’il fut attaqué. On ne l’accusa point de trahison, parce qu’il se battit toujours en brave, mais nous nommâmes un autre à sa place pour la seule raison qu’il n’était pas heureux. On me dira peut-être que ce n’est pas là de l’exacte justice ; mais en cela nous suivions les préceptes du cardinal Mazarin, qui demandait toujours avant de confier un commandement à un officier : est-il heureux ? Je suis un peu de cet avis, parce que je suis du nombre de ceux qui croient à la fatalité. Il me serait cependant difficile d’expliquer les motifs sur lesquels je fonde cette opinion, si ce n’est parce que tous mes amis qui ont pris part à la Révolution sont morts de mort violente et que, proscrit plusieurs fois, j’ai échappé presque seul à la tourmente révolutionnaire.

    Les commissaires de la Convention destituèrent donc Leîgonnyer. Il fut remplacé par Menou, qui lui-même était officier de cavalerie.

    Il semble que dans cette malheureuse guerre personne n’était à sa place. Cependant Menou était un bon officier qui a tou-.