Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce fut dans cet endroit que cinquante femmes environ vinrent dans la maison que j’occupais et que nous avions trouvée vide en arrivant : il n’y avait personne dans le pays que ces femmes ; elles vinrent avec chacune deux enfants sur les bras et nous dirent : « Messieurs les Bleus, on nous a dit que vous veniez pour manger nos enfants, nous vous les apportons, mangez-les. » Je leur demandai où étaient les hommes du pays. Elles me répondirent qu’ils étaient avec leurs bons pasteurs et qu’ils se battaient pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. — Mais vos maris se feront tuer… — Ils ressusciteront au bout de trois jours. — Vous voyez bien que l’on vous trompe, car, une fois mort, on ne ressuscite pas. — Eh bien ! si nos maris ne reviennent pas, ils iront dans le ciel… Monsieur le curé, qui est avec eux, leur a donné l’absolution, et à nous aussi.

On voit par ce détail combien ce peuple était fanatisé.

On nous fit rentrer le lendemain à Angers et nous restâmes en cantonnement.

À une lieue des Ponts-de-Cé, le curé chez qui je fus logé avait contenu toute sa paroisse, et il n’y eut de cette paroisse que trois hommes avec les Brigands.