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observation au général Menou qui, lui, la trouva fort juste — mais rien ne fut exécuté.

Nous partîmes le lendemain, laissant dans le pays pour plus de six mois de subsistances, tant en blé qu’en avoine, etc. J’avoue la peine que cela me faisait : Comment ! disais-je, on veut détruire les Brigands et on leur donne les moyens de subsister !… Enfin, cela m’outrait au point que je le dis au représentant du peuple qui était avec nous.

Quelque temps après nous marchâmes sur Jallais où il y avait un superbe château. L’ennemi l’ayant abandonné sitôt qu’il apprit notre marche, nous y passâmes la nuit. Berruyer fut logé dans le château même avec tout son état-major[1]. Le respect aux propriétés fut observé. Je remarquai que dans cet endroit il ne restait plus qu’un seul homme, encore était-il malade.

Berruyer avait fait enfermer toute l’artillerie dans un parc qui pouvait être attaqué avec succès par plusieurs points différents qui dominaient. Aucune garde d’avant-poste n’avait été ordonnée. Le général connaissait sans doute la marche des Brigands… Tout ce que je puis assurer, c’est qu’avec deux mille hommes j’aurais voulu prendre toute la colonne.

  1. Le 19 avril.