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tagne, Berruyer nous fit marcher sur Saint-Pierre-de-Chemillé et nous y fit cantonner : nous y restâmes pendant huit jours.

Il y avait beaucoup de blé, les greniers en regorgeaient. Je parcourus toutes les maisons de l’endroit avec le citoyen dont j’ai parlé qui avait son père du côté des Brigands : j’étais logé chez lui et je puis dire que j’y fus bien reçu, ainsi que huit des officiers du corps que je commandais. Le citoyen Tallot, alors adjudant-général et depuis représentant du peuple, était avec nous.

Je fis rendre à mon citoyen plus de cent mille livres d’effets volés tant dans la maison de son père que dans sa manufacture. Cet homme m’a offert de l’or que j’ai refusé ; il me voulut faire cadeau de quelques pièces de beaux mouchoirs : j’ai tout refusé. La veille de notre départ, il mit dans mon porte-manteau une douzaine de superbes mouchoirs ; je m’en aperçus, je les ôtai moi-même et les lui rendis, en disant que je n’avais fait que mon métier en lui faisant restituer ce qui lui appartenait.

Je dis au général Berruyer que, si nous étions pour quitter le pays, il fallait avoir soin de n’y laisser aucunes subsistances, et qu’il fallait les faire refluer sur les derrières. Je fis part de la même