Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

officiers nous ont quittés… nous vous suivons ! » Je fis avancer le premier peloton qui fit un assez beau feu de file, mais le reste du bataillon prit la fuite sur la riposte de l’ennemi : ce bataillon n’avait pas encore vu le feu. Je restai en tête du peloton et, un pistolet à la main, j’avançai jusque sur celui qui chargeait la pièce de canon qu’ils appelaient leur Marie-Jeanne et le tuai. Je me retourne et me vois abandonné : je fus obligé de battre en retraite. Ils m’avaient tué douze hommes derrière moi et parmi ceux-là un brave officier de ma gendarmerie qui m’avait suivi et qui comptait vingt et un ans de service, un très brave homme : il s’appelait Niquet. Les autres avaient pris la fuite.

L’ennemi se trouvant enfoncé à droite et acculé au centre, voyant qu’il n’avait pas d’autre retraite me poursuivit ; sa colonne fut maîtresse du terrain et fit beaucoup de prisonniers ; trois pièces de canon furent prises et enclouées ; pour moi, forcé de me reployer, faisant tous mes efforts pour rallier la troupe, il ne m’a pas été possible de rassembler un peloton de dix hommes. On fit battre la retraite. La nuit était venue.

J’observe qu’avant la seconde attaque le général Berruyer ordonna de mettre le feu au village et qu’il y eut au moins quinze maisons en flammes.