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si nous étions forcés, ou pour se porter, au besoin, soit à l’aile droite, soit à l’aile gauche. Après une trentaine de coups de canon, nos tirailleurs, qui n’étaient composés que de la gendarmerie à pied, débusquèrent les avant-postes, et les positions de l’ennemi furent enlevées par ma gendarmerie. Duhoux fit sonner la charge et chassa l’ennemi[1] : nous leur tuâmes près de cent hommes ; nous n’eûmes que deux des nôtres tués et un de mes gendarmes qui eut le nez coupé d’un coup de feu. Le brave homme se fit panser et continua à se battre. Je lui disais : « Montez dans ce chariot et faites-vous conduire à l’hôpital. » Il ne voulut pas se retirer, et, tout défiguré, il répétait : « Cela ne sera rien, je peux marcher, je veux vous suivre. »

Nous entendîmes le canon ronfler avec force sur notre gauche : c’était l’attaque de Saint-Pierre-de-Chemillé par Berruyer. Duhoux me dit : « Fais battre la générale et allons rejoindre la colonne de Berruyer ; — il n’y a que deux lieues. » J’approuvai cette mesure, vu que les Brigands s’étaient

  1. Duhoux était arrivé dans la Vendée précédé d’une brillante réputation : c’était lui qui avait dirigé la défense de la ville de Lille contre l’armée autrichienne commandée par le prince de Saxe-Teschen et l’archiduchesse Marie-Christine, sœur de Marie-Antoinette. (Choudieu, Notes inédites sur la Vendée.)