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comptaient que des hommes riches en taille, tous anciens serviteurs. Le moindre avait huit ans de service dans la ligne. Ils ne pouvaient pas croire que des bossus et des bancals, car il y en avait plusieurs dans nos rangs, fussent capables de soutenir et la fatigue et le feu avec un courage pareil au leur. Cependant ceux-là l’ont prouvé en donnant l’exemple en plus de vingt occasions. Les gardes-françaises eux-mêmes, qui les ont vus, et les représentants du peuple peuvent attester l’intrépidité de ces pauvres bougres. C’était un honneur pour moi de les commander et je puis attester qu’ils ont remporté l’estime de l’armée. C’était à qui les aurait quand on les eût vus à l’œuvre ; mais j’avoue que certains généraux ne s’en souciaient pas beaucoup. Rien ne les arrêtait ; le danger n’était pour rien quand j’étais à leur tête ; je ne leur connaissais que deux défauts : de bien boire et de bien se battre. Les six autres compagnies de la division, en dehors des deux qu’on nous adjoignit, avaient été formées après le Dix-Août ; elles n’étaient composées que d’ouvriers qui avaient fait la Révolution, gens de tout âge et de toute grandeur. Un dépôt fut laissé à Paris, où l’on versa les hommes incapables de faire campagne et qui avaient été blessés, tant au siège de