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par ceux qui avaient été assignés contre moi.

Quatre ou cinq jours après, j’étais chez un de mes amis ; le même officier nommé Tournay vint à passer. Plusieurs de ses amis qui étaient les miens l’invitèrent à venir prendre un verre de vin avec eux ; on m’appela aussi. J’entre chez le marchand de vin ; on m’offre un coup à boire ; je le refuse en disant : Je ne bois pas en toute sorte de société.

Ce propos choqua d’abord l’officier et ce n’était pas sans raison, puisque j’avais parlé pour lui. Nous nous prîmes de querelle de part et d’autre, de manière que je lui donnai un soufflet et un coup de pied au cul, et j’ajoutai : Puisqu’il vous faut des coups pour vous faire tirer l’épée, à présent vous ne pouvez, comme officier, souffrir cette insulte sans en tirer vengeance.

Il voulut tirer l’épée sur moi ; j’avais en main une petite canne à dague avec laquelle j’allais me défendre, quand on nous sépara. Je m’en fus chez ma sœur où je présumais qu’il viendrait me chercher le soir même, ou du moins le lendemain matin ; pour lui il s’en fut à l’École Militaire et rendit compte aux officiers de l’insulte qu’il venait d’essuyer. Dans la Compagnie il y avait sept officiers et Tournay était le premier lieutenant, de manière