Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’avais rassemblé des preuves de toutes les friponneries de Hullin ; je voulais le dénoncer à Lafayette ; mais Hullin lui était vendu, puisqu’il mangeait tous les jours chez ce général : toutes mes plaintes de ce côté furent donc inutiles. Je pris le parti d’aller trouver Gouvion qui, disait-on, aimait le soldat. Je lui présentai un mémoire où toutes les coquineries de Hullin étaient bien gravées en lettres ineffaçables. — Je finissais mon mémoire en demandant à passer en conseil de guerre comme militaire. — Gouvion, qui protégeait Hullin, ne me reçut pas mieux que Lafayette et je ne pus obtenir justice. Il me remit mon mémoire et j’eus la satisfaction de lui dire que, puisqu’il n’y avait aucune porte ouverte pour moi et que ce coquin était soutenu, je me ferais justice moi-même, mais non pas en assassin. Il me dit : «  Eh bien, comment ferez-vous ? » –J’arracherai les épaulettes de Hullin, je les envelopperai dans du papier et je les enverrai à son protecteur Lafayette avec ces mots signés de moi : Voilà l’ouvrage de Rossignol. — Il se mit à rire et je m’en fus.

Je pris le parti de porter mes griefs contre Hullin devant la Commune et je le fis. J’obtins un arrêté du Conseil général portant qu’il serait nommé six commissaires à l’effet de vérifier les