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convaincus que c’est bien moi le coupable. Remettons la partie à demain ; demandez ce soir l’écrit ; mais je parie un louis avec vous que vous ne l’apporterez pas. Ce que j’avais prévu se réalisa, car deux d’entre eux vinrent me voir le lendemain et me dirent que l’on n’avait pas voulu leur remettre l’écrit ; et tout en resta là.

Trois jours après je rencontrai un caporal de l’École Militaire, qui était aussi très bien peint dans cet écrit  ; il me fit une scène sur le quai Pelletier et voulut à toute force me faire battre ; — c’était un protégé de Gouvion ; — cependant, après quelques explications, il fut convaincu que je n’étais pas l’auteur du papier.

Leur idée était de me faire tuer.

Ils m’ont envoyé mes effets, qui étaient à la caserne, avec mon décompte, en me retenant deux gardes de simples volontaires, qu’ils avaient fait monter pour moi.

J’abandonnai cette clique infernale d’officiers.

J’entrai aussitôt dans le bataillon de ma section[1] et j’arrivai assez à propos pour y obtenir le grade de sergent que j’ai tenu jusqu’au Dix-Août.

  1. Les états de service de Rossignol expliquent : Enrôlé dans la garde nationale en qualité de fusilier, compagnie d’Aridan, le 20 août 1791.