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espèce et surtout des hommes de taille. Hullin qui n’était que provisoire, était jaloux de former un beau corps, ce qui fit qu’une rivalité s’établit entre nous et les ci-devant gardes-françaises.

Deux coquins se glissèrent dans nos rangs ; ils firent des libelles de toute espèce pour les deux partis  : tantôt les gardes-françaises y étaient insultés, tantôt c’était notre tour, et nous ne pouvions savoir d’où cela venait. Il s’en suivit des disputes fortes ; plusieurs hommes furent blessés et même il y eut deux vrais vainqueurs de la Bastille qui furent assassinés, sans que nous ayons pu savoir par qui ils l’avaient été. Les deux coquins en question s’appelaient l’un l’Araignée, l’autre Étienne, tous deux connus pour des pas-grand’chose dans la Révolution. Étienne surtout avait vendu sa plume à Lafayette : je le lui ai fait avouer moi-même ; — un jour il me confessa qu’il se foutait de tout, qu’il écrirait pour celui qui le paierait le mieux — Nous chassâmes de notre sein ces deux coquins-là.