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Le matin 6, la garde nationale parisienne était si outrée contre les gardes-du-corps qu’on leur faisait la chasse comme à de véritables lièvres, et beaucoup furent sacrifiés. Lafayette prit leur défense et harangua les bataillons en leur faveur. Il monta chez le Roi avec plusieurs gardes-du-corps qu’il avait protégés de sa personne. Les femmes n’avaient pas quitté l’escalier du château et demandaient à grands cris le renvoi des gardes-du-corps et « le Roi à Paris » !

Lafayette descendit, venant de chez le Roi ; il s’arrêta devant notre troupe et nous ordonna de sortir en dehors de la grille. Les femmes s’y opposèrent et répondirent à Lafayette que nous étions leur soutien, que nous les avions protégées et que nous ne sortirions pas. Les bataillons de la foule entrèrent et un cri unanime se fit entendre : on réclamait le Roi…

Le Roi vint au balcon avec sa famille. Sa femme tenait le Dauphin d’alors dans ses bras. Elle avait un chapeau et elle pleurait, sans doute à cause des gardes-du-corps tués sous ses yeux, car il y en avait deux qu’elle pouvait très bien remarquer et qui étaient à sa portée.

On demanda le renvoi des gardes-du-corps. Aussitôt beaucoup de ceux-là, qui étaient dans les