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casernes. Hullin leur répondit qu’il ne rentrerait qu’après avoir remis le poste à l’armée parisienne. J’oubliais de mentionner que le général Gouvion, chef de l’état-major de Lafayette, nous avait envoyé un de ses aides-de-camp, qui nous rejoignit bien au-dessus de Sèvres et nous transmit de la part du général Gouvion qu’il ne fallait point entrer dans Versailles, qu’il y aurait imprudence, surtout ne connaissant pas l’esprit de la garnison ; et j’avoue que nous courions un grand risque, car si les dragons avaient fait un quart de conversion et que les gardes-du-corps eussent marché sur nous, nous étions pris entre deux feux et taillés en pièces. Mais de tout cela rien n’arriva, et nous n’avons perdu, de toute cette journée, aucun de nos camarades.

L’avant-garde arriva à onze heures et demie du soir : c’était Gouvion qui la commandait ; nous lui remîmes le poste et il fut instruit de toute notre journée. La garde nationale parisienne, c’est-à-dire le corps de l’armée, arriva à une heure et demie, par conséquent dans la nuit du 5 au 6, et ils se mirent en bataille vis-à-vis la grille du château, le tout par divisions. Lafayette, à son arrivée, alla chez le Roi ; une heure après tout rentra dans l’ordre et la troupe fut se loger où elle put.