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parlait au peuple. Il avait beaucoup d’organe et se faisait très bien comprendre, mais tout ce qu’il pouvait leur dire ne les faisait point changer d’avis : il fallut marcher.

Hullin leur demanda une demi-heure pour préparer et rassembler ses camarades, ce qui lui fut accordé.

Je fus envoyé pour chercher des cartouches et des pierres à fusil. Pendant ce temps-là, beaucoup de vainqueurs de la Bastille s’étaient joints à nous et on leur distribua des armes.

La demi-heure était passée et au-delà ; le peuple se présenta en foule devant notre corps-de-garde et il fallut aller par la grand’rue Antoine jusqu’à la Grève. Nous laissâmes cependant un poste de dix hommes à la Bastille. Nous les avions pris dans les plus vieux ; il y avait parmi eux quatre blessés.

Nous arrivâmes, avec notre vieux drapeau de la Bastille, sur la Grève, par l’arcade Saint-Jean, et aussitôt un cri unanime s’éleva : « À Versailles ! à Versailles ! » En passant et faisant le tour de la place, la troupe de ligne nous demandait : Où allez-vous ? et nous leur répondions : À Versailles, chercher le Boulanger, la Boulangère