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nous allions pour souper à la dernière table (il y en avait deux alors et la première était toujours mieux servie que l’autre, parce que c’était la table où allaient tous ceux qui se croyaient les officiers, et l’on servait à la dernière table ce que les autres n’avaient pas voulu), je fis un train terrible, et je renvoyai les restes de ces messieurs. L’aubergiste fut chercher Hullin comme commandant.

Hullin entra avec un air impertinent et commençant à nous mépriser tous par ses propos d’arrogance. Je lui parlai d’un ton ferme et je lui dis qu’aucun de nous ici n’était fait pour manger ses restes. Il sortit et je fis servir un autre souper.

Au milieu du repas, les soi-disant officiers vinrent pour m’en imposer et voulurent me faire chasser de ce service. Après plusieurs propos de part et d’autre, on me présenta l’épée, je l’acceptai et l’on fut pour se battre. Je ne connaissais que le nommé Tournay ; je le priai de venir avec moi, et je leur dis : Allons nous battre tout de suite. Comme il était tard, la partie fut remise au lendemain matin. Plusieurs parlaient déjà de pistolets  ; on avait monté les esprits contre moi, et je devais être tué ce jour-là. Dans la nuit, on interrogea Tournay sur mon compte ; on lui demanda qui j’étais et quelle était ma science. Tour-