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Montmartre et nous nous y trouvâmes au nombre de trente, armés. À l’exception de deux ou trois, le reste d’entre nous avait servi dans la ligne.

Je fis la motion de nommer un commandant provisoire  ; elle fut appuyée et nous nommâmes Hullin : il avait un beau physique, et je ne le connaissais pas alors. On verra par la suite que j’appris à le connaître.

Nous partîmes, tambour battant, et nous arrivâmes à Montmartre. Les commissaires de la Commune y étaient déjà arrivés et nous attendaient pour commencer les opérations. Le poste fut établi à l’Abbaye.

Un d’entre nous, appelé Dupont, qui était garçon, avait demandé une pièce de canon au district Saint-Germain-l’Auxerrois ; et ce qu’il y avait de plus drôle, c’est que cette pièce de canon n’avait pas d’affût  : on l’avait amenée sur une charrette.

Le renvoi des ouvriers commença. Ils se présentèrent tous à la fois. On leur donnait à chacun cinquante sols ou vingt-quatre, je ne me souviens pas au juste, et un passeport pour se retirer dans telle commune qu’ils désireraient.

La garde fut forcée ; il fallut employer beaucoup de prudence ; les esprits s’échauffaient de part et d’autre. On fut obligé de fermer les portes et Hul-