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furent étouffés et moi je fus tellement pressé que j’en restai malade pendant plus de quinze jours. J’eus beaucoup de peine à me traîner jusqu’à la rue de Charenton où demeurait ma sœur qui y était établie depuis quinze ans. En arrivant je me mis au lit, avec défense à mes parents de dire à personne que j’avais été à la Bastille.

Beaucoup de citoyens se sont fait gloire d’avoir tous les premiers arrêté Delaunay, mais le premier qui lui mit la main dessus fut un nommé Cholat, marchand de vins rue des Noyers, homme pur et qui a beaucoup marqué depuis dans la Révolution.

La prise de la Bastille dans cette journée est en trois actes, c’est-à-dire qu’il y a eu trois coups de feu  : le premier à onze heures, le second à une heure et demie et le dernier qui finit à quatre heures. J’ai vu les deux derniers, et puis attester qu’il n’y avait pas plus de six cents hommes à chacune des deux scènes  : cependant il y a eu huit cent soixante-trois vainqueurs de la Bastille de reconnus. Tout Paris voulut y avoir été, surtout quand l’Assemblée constituante accorda par décret des marques distinctives à chaque combattant.

J’ai vu l’intrigue dans les assemblées qui ont été convoquées pour reconnaître les vrais vainqueurs. Des hommes en habit de velours, d’autres avec de