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était une trahison. On disait qu’il fallait tout passer au fil de l’épée et bien se tenir sur ses gardes… Cependant, après un quart d’heure, le pont-levis s’abaissa. Je dis à plusieurs de mes concitoyens, avant de passer, qu’il fallait mettre les verrous du pont, afin que nous ne nous trouvions pas enfermés ; ce qui fut exécuté.

Nous entrâmes en foule dans l’intérieur : j’ai remarqué les Invalides d’un côté et les Petits-Suisses de l’autre : tous avaient l’habit retourné et leurs armes à terre. Je ne vis rien de ce qui se passa dans le dedans au sujet du gouverneur, parce que je montai sur-le-champ en haut des tours.

En montant, j’entrai dans une chambre où il y avait un prisonnier ; les verrous n’étaient que fermés, il ne fallait point de clef  ; je tirai le verrou et j’ouvris la porte : je vis un jeune homme d’environ trente ans, grand, bien fait, mais tout pâle. Je lui dis : Allons, mon ami, rassurez-vous, nous vous délivrons, ne craignez rien, mes camarades vont vous accompagner. Il me répondit qu’il avait une malle… Deux de mes amis s’en chargèrent et le conduisirent dehors.

Je montai en haut des tours.

J’y trouvai déjà trois citoyens : un boulanger, les bras retroussés et en bonnet de coton, que j’ai