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Suisses, qui balaya tout ce qui était sur l’avancée du pont. On fit jouer le canon, ce qui les effraya. Celui qui se signala et qui fut le plus aisé à reconnaître fut un nommé Élie, alors officier recruteur au régiment ci-devant « la Reine » : en uniforme, son épée à la main, il encourageait tous les citoyens en affrontant avec courage le feu des ennemis.

Le peuple se présenta vis-à-vis le pont-levis avec une pièce de canon ; à cet instant, au travers d’une planche, on vit paraître un papier roulé ; alors on fit chercher une planche afin de traverser le fossé dont le pont était resté levé jusqu’alors ; cette planche n’était pas bien assujettie du côté du pont, le rebord n’était pas assez large, et le premier qui fut pour chercher le papier tomba dans le fossé et fut tué en tombant… mais un second y marcha, et il eut le papier qui était la capitulation. On la remit entre les mains du nommé Élie, qui en donna lecture au peuple et qui la mit à la pointe de son épée. Elle était bien conçue.

Il y eut quelque agitation à ce propos ; j’étais un de ceux qui ne voulaient point de capitulation parce qu’on venait de nous trahir et que beaucoup de nos frères avaient été tués  : malgré le drapeau déjà amené, la décharge que nous venions d’essuyer