Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anciennement « les Jésuites ». Je quittai la chaussée, je mis en file les hommes qui étaient avec moi, et nous marchâmes à la Bastille le long des maisons.

J’observe qu’à ce moment aucun individu n’était en marche et même que toutes les boutiques et toutes les entrées quelconques étaient fermées ; en conséquence aucune retraite n’était assurée. Mais ce qui me choqua le plus ce fut une compagnie de gardes-françaises qui était en bataille dans le cul-de-sac Guéménée. Je m’adressai aux sergents, car il n’y avait aucun officier, et je leur dis : Messieurs, on assassine nos frères à la Bastille et vous ne pouvez leur porter aucun secours, étant placés dans cet endroit. J’ajoutai qu’il leur fallait venir avec nous. Ils me répondirent que c’était leur poste. Je leur dis que leur poste, pour des soldats, était où il y avait du danger et non derrière les maisons. Je ne pus obtenir d’eux d’autre réponse que celle-ci : ils resteraient là jusqu’à nouvel ordre. Je fis alors observer au sergent qui commandait cette compagnie qu’il y resterait longtemps, puisque le peuple était debout, et que par conséquent il n’y avait point de chef. Malgré ce langage, les gardes-françaises ne voulurent pas nous suivre.