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et ne souffla plus mot. Plusieurs de mes amis me dirent : « Allons-nous en », et je m’en fus.

Deux des motionneurs descendirent de la chaire à prêcher qui s’appelait alors l’égrugeoir et me suivirent sur le portail ; ils me dirent que dans deux heures la Ville allait leur envoyer deux cents fusils ; je leur répondis que tous les échevins étaient des coquins et que dans quatre heures même aucun fusil ne viendrait. La vérité fut telle que je restai jusqu’à neuf heures du soir sans qu’aucun fusil arrivât de la Ville, encore moins des autres endroits.

À neuf heures, on vint me dire que l’on faisait des listes chez le curé. Je m’y rendis et j’y fis grand tapage afin qu’aucun de mes amis venus pour s’inscrire sur cette liste, qui était à bien nommer liste de proscription, n’y fût inscrit ; et je demandai : Où sont les fusils de cette Ville, que vous aviez promis dans deux heures ? en voilà six de passées et rien n’est encore arrivé ! — Thuriot qui était là me dit  : « La Ville nous a trompés. » — Eh bien, vous, vous trompez le peuple et c’est encore pire ! Il y a des armes sur la paroisse, à toutes ces belles portes cochères qui sont sur la place Royale. Croyez-vous qu’il n’y en ait pas chez ces gens-là ? — Il me répondit que