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dans la rue. Tous ceux qui étaient dans le jardin et dans les caves furent tués.

Royal-Cravate bordait la chaîne dans la grand’rue à la hauteur de la maison de Réveillon ; une compagnie était en bataille au milieu de la grand’rue à la hauteur de l’église Saint-Pierre ; une autre compagnie de cavalerie dont je ne me rappelle pas le nom y était aussi : c’était, je crois, le régiment de Berry. Là, il y eut trois hommes blessés des coups de sabre de cette cavalerie. Ce fut alors que les Suisses arrivèrent en colonnes avec leurs pièces de canon : heureusement les troubles commençaient à s’apaiser ; mais les esprits s’échauffaient et, des maisons, l’on commençait à jeter des pierres. Plusieurs spectateurs furent tués aux fenêtres, même aux fenêtres des maisons d’où l’on n’avait rien jeté. On n’a jamais su le nombre des personnes tuées dans cette affaire, mais je puis attester que j’en ai vu plus de cent cinquante, encore n’ai-je vu que ceux tués dans le jardin et ceux de la rue vis-à-vis la maison de Réveillon. Le coup de feu dura pendant une bonne heure, mais les Suisses n’y ont aucunement participé ; ils n’y ont pas même brûlé une amorce.

Toute la garnison fut contrainte de se retirer parmi les huées. Ils quittèrent le carnage vers les