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motions pour brûler la maison de Réveillon et celle du nommé Henriot, maître salpêtrier.

D’abord le bruit avait été répandu par tout le faubourg que les ouvriers étaient déjà trop payés à raison de vingt sols par jour.

Henriot retirait alors l’impôt sur le marché de toutes les marchandises qui y étaient exposées ; il exigeait qu’on lui payât son tribut d’avance et le demandait souvent avec une arrogance… telle qu’était son caractère ; en sorte que le peuple était outré contre lui.

Sa maison fut dévastée et tous ses effets furent portés dans un grand feu au milieu du marché. On avait établi une barrière, et toutes les personnes qui sortaient étaient fouillées. Tant pis pour celui qui se trouvait porteur de quelques effets volés ; on les lui faisait jeter dans le feu, puis il recevait des coups selon le vol qu’il avait fait. Enfin tout fut brûlé, jusqu’à l’argenterie, et les balcons furent brisés et mis aux flammes. La maison devait l’être aussi, mais on fit observer justement que, si l’on se portait à cette barbarie, plusieurs propriétés seraient également brûlées. On voulait pendre le propriétaire, mais il eut soin de monter à cheval et de se sauver au grand galop.