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lui fut rendue et l’on voulut exiger de moi que je reprisse ma première. Je ne voulus pas d’évêque devenir meunier, et je fus porter mon mémoire au patron en lui disant que je ne voulais plus travailler chez lui. Cet homme était brutal, fier, hautain ; jamais ouvrier ne lui avait demandé son compte ; il fut si en colère qu’il déchira mon mémoire et dit qu’il fallait que je finisse la semaine. Je lui dis qu’il ne cherchait pas le jour, lui, pour me faire une sottise, qu’il n’y avait pas d’arrêt de la cour du Parlement qui me forçât à travailler chez lui… Enfin, de part et d’autre, nous nous échauffâmes et l’on fut obligé de nous séparer. Je sortis de la boutique ; il me suivit et me voulut forcer à me battre. Il est bon d’observer qu’il avait servi dans l’arquebuse. Je le plaisantais, à la vérité, sur ses grenades… Il me proposa d’aller aux Champs-Élysées nous battre à coups de canne ; je ne voulus jamais y consentir. Il me mit à plusieurs reprises le poing sous le nez. La patience à la fin m’échappa : je le jetai, lui d’un côté, sa pipe et son bonnet de l’autre. Cette affaire se passait dans la cour du Palais. J’eus la chance de sortir et d’échapper à la garde, qui courait après moi. Il ne fut pas content de cette petite correction : il me suivit et, au quai de la Vallée,