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CHAPITRE VI

Un paysage hante, intense comme l’opium.
STÉPHANE MALLARMÉ


C’est un triste paysage d’idylle que le boulevard de Clichy à l’heure où des prostituées sexagénaires y descendent pour « travailler », pour vivre encore un peu, et se payer du tabac à priser. Que les migraines du printemps y flottent avec la fragrance des primes rosés, que l’été y sème ses pollens, que l’automne y charrie ses rouilles et ses chrysanthèmes, on y respire mal — on pense que Pantin est trop près de Paris. Pourtant l’amour s’y pavane, et nuls bosquets de myrtes n’ont de plus chaudes ombres.

Ce n’est point aux cafés, aux boîtes à musique, aux moulins galants, aux auberges du ciel et du néant que la vie en mal d’aventures poursuit ses desseins. Plutôt tendrait-elle a s’y abolir. Mais sous les frondaisons fripées, à la flamme des gaz, aux senteurs de l’asphalte