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faneuse ; la stridence des râpes sur la pierre, la vibration des criquets et des grillons s’unissaient aux crécelles graves du corbeau, au bâillement langoureux des grenouilles, à la bénédiction des cloches villageoises.

Pendant un mois, là, il avait aimé passionnément, animalement, presqu’en silence. L’ingénue du théâtre, qui jouait L’Étincelle, le suivait le soir, à peine agrafée, sous les arbres baignés de lune jusqu’à la petite maison des bois : Margot, brune aux paupières longues si pâles, et qui cachait une nature de ménade sous la fausse innocence de ses dix-sept ans. Il l’avait rencontrée en promenade dans le grand pré du côté de la source ferrugineuse, arrêtée devant un bouc boiteux qui saillissait des chèvres. Elle sentait le musc et s’était donnée sur l’herbe.

Quand il la reconduisait le matin à travers le parc embroussaillé, un excès de volupté mouillait de larmes leurs derniers baisers.

La sensation d’une tasse de lait crémeux, bue au retour, après ces nuits altérées, le calme réfectorial et la fraîcheur de la salle