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premier volume des mémoires avait été dérobé ou perdu, et toutes les recherches faites par M. Barrot d’abord, puis par sa famille et ses amis pour retrouver ce volume, ont été vaines. Il a fallu le recomposer à l’aide de manuscrits écrits à des époques diverses, mais où manquaient des parties importantes : le récit, par exemple, des événements qui suivirent la révolution de juillet, au moment même où M. Barrot, revenu de Cherbourg, prenait, comme préfet de la Seine, une grande part aux affaires publiques. C’est une des époques de sa vie dont il s’honorait le plus et sur laquelle il était toujours prêt à donner à ses amis comme à ses adversaires de loyales explications. Nous avons tâché d’y suppléer en reproduisant quelques passages d’une lettre qu’il écrivit à M. Sarrans, en 1831, et dont nous avons trouvé le manuscrit dans ses papiers. Mais cette lettre est loin de tout dire et de faire comprendre le grand service que M. Barrot rendit à la cause de l’ordre et de l’humanité, lors du procès des Ministres, quand des passions furieuses voulaient souiller la révolution par la violence et par le meurtre. Il pensait, avec son ami le général de Lafayette, que le plus grand avantage de la popularité, c’est qu’on peut la dépenser dans l’intérêt de la justice et du droit, et il agit en conséquence. Utilement secondés par le jeune ministre de l’intérieur, M. le comte de Montalivet, le commandant en chef de la garde nationale et le préfet de la Seine parvinrent donc à contenir l’explosion des vengeances populaires et à sauver la vie de M. de Polignac et de ses collègues. Il est fort à re-