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pirait à tous les partis, l’explosion redoutée n’eut pas lieu.

On lira dans les mémoires le récit fidèle et animé des graves discussions qui, pendant les dernières séances de l’Assemblée Constituante, agitèrent l’opinion et menacèrent la paix publique. Des questions qui se posèrent alors, deux surtout avaient une grande importance, l’une extérieure, celle de la révolution romaine ; l’autre intérieure, celle de la dissolution de la Chambre. M. Barrot n’avait jamais passé pour dévoué aux intérêts de l’Église ; mais il voyait avec douleur que le chef alors libéral de la religion catholique eut été forcé de fuir ses États, après l’assassinat de Rossi, son habile ministre, et il craignait que, sous le prétexte de rétablir l’ordre, l’Autriche ne vînt à Rome exercer sa prépondérance. De plus, il espérait que le parti libéral romain, au lieu de combattre les Français, serait heureux de se mettre sous leur protection et d’obtenir ainsi du Pape les garanties désirables. L’opposition, au contraire, s’appuyant sur le texte de la constitution, ne voulait pas que la France intervînt dans les affaires du Pape, au détriment de la république romaine. Ce ne fut pas sans de grands efforts que M. Barrot arracha à la Chambre un vote favorable à l’expédition, et, lors du premier échec, il n’évita qu’à grand’peine un acte d’accusation. À ce moment, d’ailleurs, l’Assemblée était à la veille de se dissoudre et la France se préparait aux élections. Contrairement à ce que l’on a vu depuis, la gauche qui se méfiait des élections prochaines aurait voulu prolonger l’exis-