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tions le succès de son opinion. Par un concours heureux de circonstances, il fut surtout l’avocat de la liberté religieuse, alors gravement menacée, et, plus d’une fois, elle lui dut la victoire. Mais, inflexible sur les principes, il montra plus d’une fois qu’il n’en voulait rien sacrifier au désir d’un succès passager. Il se distinguait ainsi d’un grand nombre de ses confrères qui, visant surtout au gain de leur cause, se servaient indistinctement de toutes les armes, sans en mesurer la direction ni la portée. Par cette conduite, encore plus que par son talent, il était devenu, quand la Restauration approcha de son terme, un des adversaires les plus puissants du parti de l’ancien régime, un des défenseurs les plus renommés de la société moderne et des idées libérales. Je l’ai vu, à cette époque, dans la société Aide-toi, le Ciel t’aidera, dont nous faisions partie l’un et l’autre, aussi ennemi des complots révolutionnaires que des tentatives contre-révolutionnaires ; mais ferme, résolu et annonçant par avance son inébranlable détermination de résister à tout prix au coup d’État qui se préparait. Personne ne put donc s’étonner de le voir, le jour des ordonnances, prendre parti pour le droit contre la force et s’associer avec enthousiasme à la plus légitime des révolutions.

Comme secrétaire du gouvernement installé à l’Hôtel de ville, sous le nom de commission municipale, M. Odilon Barrot servit très-utilement d’intermédiaire entre l’Hôtel de ville et le palais Bourbon, entre le général de Lafayette et le président de la Chambre des députés. En le chargeant de la tâche difficile d’accom-