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acte iii, scène ix.

Mimi.

Deux mille francs ? pourquoi faire ?

Durandin.

Pour que vous nous laissiez tranquilles, mon neveu et moi…

Mimi.

Mais je ne le tourmente pas, monsieur ; je l’aime, voilà tout. Il ne m’a pas défendu de l’aimer…

Durandin.

Eh bien ! moi, je vous le défends. Voulez-vous trois mille francs ?…

Mimi.

Mais non.

Durandin.

Ça n’en vaut pas la peine, n’est-ce pas ? vous aimez mieux mes cinquante mille livres de rentes ? mais vous calculez mal, mademoiselle, car je vous en préviens, je le déshérite s’il vous épouse !

Mimi.

Mais il ne m’épousera pas… Je ne sais pas pourquoi vous me dites tout ça… J’ai toujours travaillé, je ne demande pas mieux que de travailler toujours…

Durandin, tenant sa montre.

Voyons, mademoiselle, la bourse ferme à trois heures… Voulez-vous vous décider ?

Mimi.

À quitter Rodolphe ? Mais je ne peux pas, moi, tant qu’il voudra me garder… Je ne suis heureuse que depuis que je suis avec lui…

Durandin.

Vous serez heureuse avec un autre… Vous êtes gentille, avec ce que je vous offre…

Mimi.

Mais je ne veux personne ; est-ce que je pourrais en