Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
acte iii, scène v.

Musette.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Schaunard.

C’est un pompon… il appartient à l’artillerie… Mon bois des Îles prend de nouveau la parole, et Phémie m’avoue qu’en effet elle a reçu la visite de son parrain, soldat dans le train. Ça sent la poudre, lui dis-je, malheureuse !… Une jeune personne qui reçoit du canon dans une maison honnête, c’est scandaleux !… En achevant ces mots, mon bois des Îles se casse en deux, j’en offre les morceaux à Phémie pour souvenir de moi, et je la quitte à jamais en emportant cet ornement guerrier. Voilà ce qui fait que je n’ai plus ni Phémie ni ma canne !… (Tous se lèvent et rangent les siéges.)

Colline.

Pauvre garçon !

Rodolphe.

Phémie lisait trop souvent les Victoires et Conquêtes.

Marcel.

Ah ! ça, mais c’est donc le diable qui s’en mêle aujourd’hui…

Musette s’est assise sur la causeuse de gauche, Rodolphe est à côté d’elle, accoudé à la cheminée.
Schaunard.

Qu’est-ce qui vous arrive ?

Marcel.

Le papier timbré s’est introduit dans nos lares.

Musette, riant.

Tous mes meubles sont sous le glaive de la loi.

Schaunard.

Vraiment ?… (Avec reproche.) Aussi, quelle imprudence d’avoir des meubles chez soi. Comment allez-vous faire ?

Musette.

C’est la besogne du hasard.