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la vie de bohême.

Schaunard.

Baptiste, prenez la fuite… (Baptiste sort par le fond.) Tout jaune… ça se voit déjà, c’est Phémie qui m’a teint de cette couleur.

Musette.

À propos de Phémie, où donc est-elle ?

Schaunard.

Vous ne la verrez plus, j’ai rompu avec elle.

Musette.

Rompu ?

Schaunard.

Oui, rompu ma canne… une canne superbe en bois des Îles… le jonc et le bambou ne suffisaient plus.

Rodolphe.

Mon pauvre Schaunard ! Phémie t’a encore…

Schaunard.

Toujours… c’est une habitude… Voici la chose…

Tous.

Voyons !…

Marcel s’assied sur la causeuse de droite. — Musette s’assied sur le bras de la causeuse, à côté de lui. — Colline se place sur le petit tabouret où Schaunard met ses pieds. — Rodolphe reste debout.
Schaunard.

J’avais remarqué que les goûts belliqueux de Phémie se développaient de plus en plus ; son cœur n’était plus une caserne, c’était un camp. Ce matin, comme j’entrais chez elle, je fus assailli par des soupçons ; quelque chose me disait qu’il était venu de la troupe pendant mon absence ; j’interroge Phémie avec mon bois des Îles, et, dans la chaleur de la discussion, elle laisse tomber de sa poche une preuve de son crime. Et cette preuve, la voilà…

Il tire de sa poche un pompon d’artilleur.