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LA VIE DE BOHÊME,

PIÈCE EN CINQ ACTES.

ACTE I.

CHEZ DURANDIN.
Une maison de campagne aux environs de Paris. — Un jardin. — Au fond, une balustrade donnant sur la campagne. — À gauche, un pavillon avec une fenêtre ouverte en face du public. — À droite, un banc de jardin — Chaises. — Indications prises du spectateur.

Scène première

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BAPTISTE, seul ; il est au fond près du mur, et regarde dans la campagne.

Quel est ce nuage de poussière ? Serait-ce déjà la voiture de Mme Césarine de Rouvre ? On m’en verrait surpris, car il n’est pas midi, et M. Durandin n’attend cette dame qu’à deux heures. Mais ce n’est point une voiture… (Regardant avec plus d’attention.) Des jeunes gens avec de grandes pipes, des jeunes filles avec de grands chapeaux !… Je sais ce que c’est, c’est une caravane. Heureuse jeunesse ! riez, riez ; vous qui n’avez pas lu M. de Voltaire… Mais j’y songe !… quelle imprudence ! (Prenant un livre qu’il avait oublié sur le banc.) Si M. Durandin, l’homme chiffre, M. Million, enfin, comme dit M. Rodolphe, avait trouvé cet in-octavo, mon extraction était imminente. Voyons, M. Durandin m’a prévenu que l’on prendrait le café dans ce pavillon que l’on n’a pas ouvert depuis trois mois, mettons tout en ordre. (Il entre dans le pavillon et ouvre les persiennes. — Après réflexion et en sortant.) Ou plutôt non, tout est bien comme il est, a dit M. de Voltaire ; grâce à la poussière, ces meubles Louis XV ont un aspect plus vé-