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acte ii, scene vii.

capricieuse et mutine !… (Il s’approche du lit.) C’est là qu’elle a dormi, le lit conserve encore une empreinte voluptueuse dans laquelle on pourrait mouler une Vénus… Et M. Benoît s’imagine que je vais détruire cela… (Avec dédain.) Ah ! barbare ! Vandale ! Visigoth !… (Il prend tout son attirail.) Allons faire l’autre chambre… (Il passe à droite ; arrivé au milieu de la chambre, regarde de tous côtés, et éclate de rire.) Ah ! ah ! quel admirable désordre ! rien n’est à sa place, tout est parfaitement dérangé… (Il dépose tout ce qu’il tient.) Quelle antithèse !… Là-bas, la grâce, la coquetterie… ici, la force, le travail… là-bas, des fleurs, des rubans… ici, des pipes, des papiers, de l’encre partout, jusque sur les draps… et je les changerais… jamais !… (Il s’asseoit près du guéridon.) Il y a beaucoup de besogne dans cette maison… dire que j’ai vingt-sept chambres à faire comme ça tous les jours… ça me prend tout mon temps. (Regardant sur le guéridon.) Tiens, M. Rodolphe a reçu les épreuves du Parfait Fumiste… (Prenant les épreuves et se levant.) Je vais les lui corriger et mettre un cent de virgules… (S’asseyant à la table de droite et lisant.) « Chapitre des ventouses. »

Il continue à lire tout bas et corrige.

Scène IX.

À gauche, BENOÎT, MARCEL, un Commissionnaire, portant une malle ; à droite, BAPTISTE, travaillant.
Benoît, entrant le premier.

C’est ici, monsieur ; ça vous convient-il ?

Marcel, entrant.

Parfait ! admirable ! le Louvre en petit… (Au Commissionnaire.) Déposez là cet objet… Prenez garde ! c’est un peu lourd…

Il l’aide à mettre la malle à terre contre le lit.