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la vie de bohême

Benoît.

Hein ?

Rodolphe.

Mais si vous y tenez absolument, réglons, M. Benoît.

Il s’assied à côté de lui.
Benoît, souriant.

Ah !

Rodolphe.

Oh ! mon Dieu ! aujourd’hui ou demain, cela m’est absolument indifférent… Qu’est-ce que je vous dois…

Benoît, lui montrant le papier.

D’abord nous avons trois mois de chambre à 25 francs, ci 75. Plus, avances pour trois paires de bottes à 20 francs. Plus, argent prêté, 27 francs. — 75, 60, et 27, tout cela fait 162 francs !

Rodolphe.

162 francs ! c’est extraordinaire… Quelle belle chose que l’addition !… (Se levant.) Eh bien ! M. Benoît, maintenant que le compte est réglé… (Il tire de sa poche un paquet de tabac et bourre sa pipe.) nous pouvons être tranquilles…

Benoît, se levant.

Monsieur, je n’aime pas que l’on se moque de moi ! C’est de l’argent qu’il me faut.

Rodolphe.

De l’argent ! de l’argent !… Vous êtes étonnant ! est-ce que je vous en demande, moi… D’ailleurs, j’en aurais que je ne vous en donnerais pas… Un vendredi, ça porte malheur !

Benoît.

Morbleu ! monsieur…

Musette remet les lettres dans le coffre, prend des cartes sur la cheminée et fait une réussite.
Rodolphe, allumant sa pipe avec des allumettes qui sont sur le guéridon.

Voyons, M. Benoît, attendez quelques jours…