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la vie de bohême


Scène II.

les mêmes, chez Rodolphe, un Garçon de caisse.
Le garçon.

Monsieur ! monsieur !…

Rodolphe, s’éveillant à moitié et regardant le Garçon qui fouille dans un grand portefeuille.

Quel est cet étranger ? Ah ! j’y suis, c’est un à-compte sur mon héritage.

Le garçon.

Monsieur, je viens pour…

Rodolphe.

Je sais ce que c’est… mettez ça là… Ah ! vous voulez un reçu… c’est juste… Passez-moi la plume et l’encre, là sur la table.

Le garçon.

Non, monsieur, je viens recevoir un effet de 150 francs. C’est aujourd’hui le 15 juillet.

Rodolphe, examinant le billet.

Le 15 juillet ! c’est étonnant ! je n’ai pas encore mangé de fraises !… Ah ! ordre Birmann !… C’est mon tailleur. Hélas !… (Regardant ses habits placés sur une chaise.) Les causes s’en vont, mais les effets reviennent.

Le garçon.

Vous avez jusqu’à quatre heures pour payer.

Il prend le billet, pose un petit papier sur la table et sort.
Rodolphe, avec noblesse.

Il n’y a pas d’heure pour les honnêtes gens… (Avec regret.) L’intrigant ! il remporte son sac… (Se recouchant.) C’est le 15… Le cap des tempêtes si difficile à doubler… jour néfaste qui commence par une pluie de billets, et se termine par une grêle de protêts. Dies iræ !… (Il se rendort.)