C’est toujours Pradier qui vous fournit vos mains, madame ?
Vous les trouvez jolies ?… Plus jolies que celles de Mlle Mimi ?
Les siennes étaient moins bien mises.
Point gantées ?
Pardon, madame, gantées… de baisers…
J’ai mes fournisseurs… (Rodolphe sourit. — Avec coquetterie.) Voyons, Rodolphe… Aimez-vous encore Mlle Mimi ?
Madame, je ne dois plus l’aimer… et peut-être l’ai-je aimée plutôt pour moi que pour elle.
Ah ! asseyons-nous donc… (Elle l’entraîne sur le canapé de droite, près de la chambre où est Mimi. Ils s’asseyent.) Vous dites l’avoir aimée plutôt pour vous que pour elle ?… Quelle passion est cela ?
Passion de poète, passion d’artiste… c’est-à-dire ce qu’il y a de plus beau…
Et de plus faux à la fois.
Oui, madame, car c’est la perpétuelle exploitation du cœur par l’imagination.