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être pris pour des caractères arabes ou koufiques. Cependant, si on les met en parallèle avec ce que l’on connaît actuellement en fait d’inscriptions de cet âge, on constate qu’il est inadmissible d’attribuer à ces gravures une signification quelconque.

Des fibules presque analogues ont été publiées par M. Lindenschmit dans ses Alterthümer[1] ; mais le nombre des rayons est différent ; on n’en compte que sept : 2, 3 et 2. D’ailleurs, l’ornementation est à peu de chose près identique.

Très rares en Angleterre, où Roche Smith les considère comme d’importation, elles s’offrent en grande quantité en Allemagne, où M. Linclenschmit a pu les étudier d’une façon particulière. « Ces fibules, -dit-il, -par leur nombre considérable, par leur forme caractéristique, ainsi que par leur travail d’ornementation, sont dignes d’être classées parmi les types les plus remarquables des bijoux de la période barbare[2]. »

La Suisse, contrairement aux autres pays de l’Europe, est extrêmement pauvre en broches de cette espèce. M. Troyon, dans son étude sur les tombeaux de Bel-Air, n’en signale qu’une seule[3], et M. Gosse faisait remarquer leur absence dans les sépultures de la Savoie et du canton de Genève[4].

Longtemps on a cru voir dans ces objets des produits à peu près exclusifs d’une industrie germanique ; mais aujourd’hui, de nombreuses découvertes et des travaux d’ensemble ayant fait connaître l’existence de ces bijoux dans les pays envahis jadis par les peuples orientaux, il a bien fallu se rendre à l’évidence et admettre que ces fibules proviennent d’une nation tout autre. C’est dans la Hongrie et le sud de la Russie qu’il faut rechercher des types de bijoux fort analogues. Ici, il convient évidemment de donner à ces pièces l’antériorité sur celles que nous rencontrons à chaque pas dans notre sol.

L’origine de cette fibule se retrouve en Orient ; la configuration, le sentiment de l’ornementation en sont essentiellement gothiques. Le Caucase et la Crimée ont été, selon toute apparence, les régions où sont nés d’abord ces produits de style composite, importés ensuite dans tout l’Occident.

Fibules à tête carrée sans rayons. - « Il est impossible d’admettre, - dit M. de Baye, -que ce type de fibule à tête carrée soit exclusivement anglo-saxon. Plusieurs spécimens se rencontrent en France et en Allemagne. Nous avons publié deux bijoux de la même forme provenant de Testona (Italie). Toutefois, c’est seulement dans les pays scandinaves que nous trouvons des fibules à tête

  1. Lindenschmit, Die alterthümer... Band I. - Heft.2, taf.8, n°s 1, 3, 4. - Band II. Heft.12, taf. 6, n° 4.
  2. Lindenschmit, Handbuch der deutschen alterthumskunde, 1886, p.425.
  3. F . Troyon, Description des tombeaux de Bel-Air. - Lausanne, 1841.
  4. Dr Gosse, Suite à la notice sur d’anciens cimetières trouvés en Savoie et dans le canton de Genève. - Genève, 1857.