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ÉTUDE SUR LES SÉPULTURES BARBARES DU MIDI ET DE L’OUEST DE LA FRANCE.


Romains, et que dès le huitième siècle l’inhumation habillée commença à être abandonnée après qu’un concile tenu sous Charlemagne eut décidé la suppression de cet usage.

À dater de cette époque, en effet, les sépultures sont totalement privées de mobilier funéraire ; c’est à peine si l’on conserve encore quelques vases. Les corps, selon l’expression de l’abbé Cochet, sont rendus à la terre, nus comme ils sont entrés dans la vie.

§ 2. — Les tombes.

Les sépultures que nous attribuons aux Wisigoths ne s’écartent en rien de la règle générale suivie par tous les peuples des invasions dans l’inhumation des morts de leur nation. On connaît la disposition des tombes des Franks[1], des Burgondes[2], des Anglo-Saxons[3] ; il n’y a point pour les Goths de dérogation à cette coutume.

D’une manière générale, les cimetières se trouvent sur le versant oriental des collines, rarement en plaine (à Herpes, par exemple) ; les fosses sont orientées de l’ouest à l’est, le défunt regardant le levant.

Naturellement, des exceptions même nombreuses peuvent être indiquées, mais elles n’en confirment pas moins la règle. Cependant, il est possible d’évaluer à 10 et 20 pour cent les tombes irrégulièrement placées dans les cimetières. Cette remarque est à peu près conforme à ce qui a été jusqu’à présent constaté dans les autres régions de la France, de même qu’en Belgique et en Alle­magne.

On trouve des tombes dirigées du nord au sud, quelques autres tournées vers le couchant, certaines sans orientation bien précise et qui semblent indiquer une inhumation précipitée.

Les nécropoles du Midi sont ordinairement composées de fosses creusées dans le sol, à des profondeurs variables et dans lesquelles le défunt était déposé pure­ment et simplement. Parfois, une caisse en bois renfermait les restes des guerriers ; mais il n’a subsisté de celle-ci que des ferrures fortement oxydées, pour la plupart méconnaissables, seuls indices de l’emploi d’un cercueil. Rarement on rencontre les tombeaux taillés dans la pierre calcaire pour les stations barbares du Midi ; d’ailleurs ils semblent destinés uniquement à des personnes de haut rang.

Legrand d’Aussy, dans son Mémoire sur les sépultures des anciens peuples,

  1. Abbé Cochet, Normandie souterraine, pp. 340-3117. — Lindenschmit, Das germanische todtenlager bei Selzen, pl. 1 à 20.
  2. Baudot, Mémoire sur les sépultures barbares de Bourgogne, p. 141.
  3. J. de Baye, Industrie anglo-saxonne, p. 117.