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du midi et de l'ouest de la france

à l’art germanique[1]. Mais qu’est-ce donc qu’un art purement germanique ? Quel criterium irréfutable a-t-on mis en avant pour démontrer ce principe ? Rien, au contraire, n’est plus discutable. Nous avons dit ailleurs ce qu’il fallait réellement entendre par Germains : des peuples auxquels Rome avait donné ce nom et qui, au nombre d’une quarantaine, indépendants les uns des autres, pas même confédérés, habitaient au nord de l’empire d’Occident. De cette constatation découle naturellement la solution vraie qu’il convienne de donner à cette question que soulève l’affirmation bien prématurée des archéologues germanistes. Les Germains n’étant pas un peuple ne pouvaient avoir une industrie propre susceptible d’être déterminée ni qualifiée[2]. D’ailleurs, n’est-il pas certain que la carte de la Germanie n’a cessé de se modifier à cette époque suivant la prépotence dans les diverses régions des Franks, des Suèves, des Allamans, des Goths, etc.[3]?

« Je ne puis vraiment croire à l’existence d’un art né à l’ombre des forêts germaniques, - dit M. Ch. de Linas - : les peuples migrateurs, occupés de guerres et de chasses, n’appliquent guère leur intelligence aux manifestations durables...[4] »

Si les Francs, débris de peuples germains, ont pu laisser dans certaines parties de la Gaule des vestiges de leur passage, il ne peut en être de même pour les provinces méridionales, où ces barbares ne sont, à proprement parler, jamais venus.

Après la défaite de Gondebaud, Clovis ne put détacher de son armée qu’un corps de cinq cents guerriers, sous les ordres de Godégisile, auquel il confia le soin de maintenir sous son obéissance les provinces burgondes. Les forces du prince franc n’étaient point considérables ; et si, en 507, les historiens parlent des nombreuses troupes commandées par Clovis, c’est que le faible noyau franc de l’armée était appuyé par une multitude de Gallo-Romains, de Burgondes et de peuplades vaincues que le conquérant traînait à sa suite.

On s’est demandé pourquoi la conquête du midi de la Gaule avait été aussi facilement effectuée ; comment, après la défaite de Vouillé, les Wisigoths, semblant obéir à un mot d’ordre, s’étaient promptement retirés dans la Septimanie sans tenter de s’opposer à la marche du prince franc.

Aug. Thierry a fait connaître les motifs de ce fait historique, paraissant surprenant au premier abord[5]. Les Wisigoths, on le sait, étaient ariens et, par

  1. J. de Baye, L’art des Barbares à la chute de l’Empire romain.
  2. Tacite, De moribus Germanorum... « Ne cœmentornm quidem apud illos, aut tegularum usus : materia ad omnia utuntur informi, et citra speciem aut delectationem... »
  3. J . de Baye, Le tombeau de Wittislingen (Bavière), 1889,p.4.
  4. Ch. de Linas, Orfèvrerie mérovingienne, 1864, p.73.
  5. Aug. Thierry, Conquète de l’Angleterre par les Normands, liv.I, pp.44 et suiv. - Faurie, Histoire de la Gaule méridionale, t.II, ch.XIII, pp. 51, 58 et suiv. - Sidoine Apollinaire, Lettres : LXVI, LXXXII, LXXXIV, xc, XCVII.