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d’autre dessein que de vous disposer à comprendre les indices que doivent vous apporter les témoins, et ne doit faire aucune impression par lui-même.

Si j’ai rien dit qui puisse soulever vos passions, je le désavoue, car en exprimant mon horreur contre le crime en lui-même, je n’ai point eu l’intention de porter préjudice au criminel ; loin de là, plus l’offense est énorme, plus elle doit vous trouver incrédules : je vous avertis pareillement que si avant ce jour le nom du prisonnier est venu frapper vos oreilles, vous devez l’oublier ; les vagues et incertaines rumeurs qui circulent parmi le peuple, doivent être effacées de votre souvenir ; ce qui aurait pu faire le sujet d’une insignifiante conversation ne doit pas plaider contre l’accusé à l’heure terrible de son jugement ; la vie de l’un de vos compatriotes est remise entre vos mains, et, par un effet de la bienveillance toute particulière de nos lois, il est présumé innocent jusqu’à ce que votre verdict l’ait déclaré coupable. Mais en évitant de fléchir d’un côté, gardez-vous cependant de prendre une direction opposée : si sur les faits allégués nous produisons des preuves telles que nul esprit raisonnable ne puisse les repousser, vous saurez remplir votre devoir et déclarer le prévenu coupable. En examinant ces preuves, il faut vous isoler de toute impression étrangère ; écoutez avec attention, laissez au prisonnier toute latitude pour sa défense ; entendez sans passion ses justifications, mais aussi n’oubliez pas quelles obligations vous lient envers votre pays et votre roi.

Déjà plusieurs victimes sont tombées qui, à considérer les choses d’une manière abstraite, avaient pris beaucoup moins de part à la conspiration ; tous gens incapables de juger par eux-mêmes, et qui se sont sacrifiés à une ambition étrangère : mais s’il est démontré que le prisonnier était le premier