Page:Barreau anglais ou choix de Plaidoyers des avocats anglais, tome 3, 1824.djvu/369

Cette page a été validée par deux contributeurs.

efforts furent suivis de l’anarchie et de l’effusion du sang. Une lutte cruelle s’engagea jusqu’à ce qu’enfin les souffrances du peuple le précipitèrent dans une aveugle soumission. Ayant secoué le sceptre du roi légitime, il fut obligé d’aller se réfugier à l’ombre de l’autorité d’un usurpateur militaire. Depuis lors, il l’endure en silence ; sa turbulente liberté s’est changée en une paisible tyrannie ; mais pour conserver la discipline et l’amour de cette armée, à l’aide de laquelle il asservit le peuple, son chef trouve nécessaire de lui procurer de l’occupation et du pillage ; c’est pour cela qu’il dévaste tous ses voisins, amis ou ennemis, opprimant le faible et trompant le crédule.

Aussi le délire et l’aveuglement de la conspiration n’ont pu aller jusqu’à ne pas sentir que du moment où cette armée aurait pris possession de ce pays, c’en serait fait de toute loi, de toute justice, de toute religion, tout serait soumis à un despotisme militaire et impitoyable ; c’est pourquoi le conspirateur lui-même, lorsqu’il invoque l’assistance des Français pour renverser notre gouvernement, conjure déjà les suites de leur établissement parmi nous : mais qui pourra les laisser entrer, et puis fixer des bornes à leur domination ? qui pourra tracer un cercle autour d’eux, et dire : « la mort et la désolation ne sortiront pas de là. » La plus aveugle folie pouvait seule consentir à tenter une si périlleuse expérience.

Je vais maintenant vous lire un passage que je regarde comme de la plus haute importance, non-seulement parce qu’il révèle la pensée de ce complice sur ce qui a déjà eu lieu, mais qu’il fait assez bien connaître ce que l’on pouvait attendre dans l’avenir ; le voici : « Il est néanmoins très-découragé, et dit que le peuple, incapable de se corriger, est indigne qu’on le tente ; il a été confirmé dans cette opinion par la dernière affaire, dont il attribue le peu de succès à sa lâche désertion et à son défaut d’ensemble. Quant